JUILLET 2022
 
CONTENU
  • Neverland de Papillons - une ode à la légéreté
  • Les splendeurs du Phu Xieng Thong, à propos d'un massif sud-laotien
NEVERLAND DE PAPILLONS
UNE ODE À LA LÉGÉRETÉ
 
 
Sa Dec, surnommé « Jardin de la Cochinchine » à l’époque coloniale, est un bourg endormi entrelacé de terroir et de romance.

Situé dans la province de Dong Thap, le long d’un petit bras du Mékong antérieur, cette petite ville aux ruelles calmes témoigne d’une splendeur passée au travers de son patrimoine de pierre jonché d’anciennes villas chinoises et françaises, de temples et de pagodes. Autour s’étire un vaste paysage de rizières en miroirs douchées continuellement par les arroyos ou rach (canaux) méandriques, ceinturés de pépinières, de vergers, de champs de fleurs, et d’aréquiers érigeant leur plumeau frêle au-dessus de cocotiers tordus. Le pays est réputé par la qualité de ses terres, l’aisance de ses habitants, et l’habileté de ses artisans en décortiquerie, en briqueterie, en savonnerie, en scierie, en fabrication de nattes, et de bijoux.

Ancien pays khmer, le site est annexé aux dépendances cochinchinoises des seigneurs d’Hué en 1731. Y est alors installé le poste fortifié de Dong Khâu Dao, qui constitue par la suite l’une des plus influentes villes du delta du Mékong de l’époque. Plus récemment, en plus d’être le lieu de naissance de l’auteur français de bande dessinée Loÿs Pétillot, Sa Dec se forge une réputation de dimension internationale grâce à l’œuvre de Marguerite Duras, et notamment son roman « l’Amant » qui reçoit le Prix Goncourt en 1984, adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud en 1992. L’histoire retrace l’idylle de Marguerite Duras qui débute à l’été 1929, lors de la traversée en bac d'un bras du Mékong, où la jeune lycéenne visitant sa mère alors directrice de l’école des jeunes filles, rencontre Huynh Thuy Le, 27 ans, son futur amant d'origine chinoise, une liaison qui marquera au trait indélébile la romancière.

C’est au milieu de cet univers aqueux, drapé de coloris, et empreint de poésie que se poursuit une tout autre histoire personnelle, celle de Quynh Anh, une fleuriste qui (se) soigne par le bouquet. Ancienne publicitaire acharnée adepte des journées à rallonge, QA aime décompresser en se mêlant aux effluves de roses, de fleurs de lys, d’orchidées ou de chrysanthèmes qui enveloppent les allées du marché aux fleurs de Ho Thi Ky à Saigon. Ces déambulations nocturnes prennent petit à petit l’allure de méditation active aux effets réjuvénateurs. Ce bonheur éphémère, qu’elle transmet à ses amis via ses compositions florales envoyées au petit matin, soigne inconsciemment son esprit en quête d’apaisement. Cette thérapie bienfaisante, qu’elle pratique d’abord avec son entourage, se cristallise à plus large échelle lorsqu’elle ouvre sa fleuristerie, Padma de Fleur. Une adresse saïgonnaise portée sur l’émotion et l’équilibre entre l’Est et l’Ouest qui cherche l’émoi du cœur de ses clients.

Ce concept de soin par la nature prend finalement une forme plus holistique lorsque QA décide d’ériger Neverland de Papillons, une oasis fleurie en pleine campagne de Sa Dec. Cet établissement de charme de cinq chambres à la décoration rustique mariant modernité et touches stylisées, à l’image de sa propriétaire, se détache harmonieusement d’un quadrillage de rizières et de culture vivrières tranchés de petits canaux aux cours assoupis. Sa structure chapeautée de toits de chaume pointant vers le ciel tel des chapeaux coniques s’unie mélodieusement avec son jardin nuancé des couleurs des bougainvilliers, des gardénias, des sauges du désert, ou entre autres, des orpins de Morgane.

Cette parenthèse champêtre invite donc au ressourcement et à l’introspection, et permet de se questionner sur l’aspect multidimensionnel de la vie au travers da la symbolique des fleurs. Depuis cette base propice à l’indolence, confection de bouquets à base de fleurs cueillies localement, visite d’une ancienne usine de briqueterie encore en activité, de l’ancienne demeure de l’Amant, de l’extérieur de l’école où la mère de Marguerite Duras enseignait, d’un atelier de maîtres vanniers, ou encore des champs des horticulteurs de Tan Quy Dong qui s’emploient toujours aujourd’hui à maintenir la réputation de cette capitale des fleurs du Sud


© Crédit illustration : Jean Plout


 
LES SPLENDEURS DU PHU XIENG THONG
À PROPOS D'UN MASSIF SUD-LAOTIEN
À l’occasion de la réouverture des portes du Laos, Secret Indochina aborde le Phu Xieng Thong, une chaîne méconnue du centre-sud indochinois, se distinguant par ses particularismes géographiques, sa nature sauvage et la présence d'étranges pétroglyphes.

Le Phu Xieng Thong (Phu Sieng Thong) se situe entre les provinces de Salavan et de Champassak, au Sud Laos et le long de la province d’Ubon Ratchathani au sud-est de l’Isarn. Le Phu Xieng Thong forme une presque parfaite demi-lune ; en sa partie centrale, le Mékong s’y fraye un laborieux passage, forçant vers le sud-est via une courbe majestueuse, créant un profond sillon dans le centre de la chaîne.

Vers l’est, sur sa partie laotienne, la chaîne forme un demi-cercle dont la bordure orientale se constitue d’une ligne de crête aiguë bordée de falaises buissonneuses plongeant vers les bassins des rivières Nam Xuac et Xe Don ; vers le centre et au nord-est de la courbe du Mékong, se succèdent des combes boisées et des hauteurs de grès couronnées de petits plateaux arrondis, notamment les Phu Thong Ton (319 m), Phu Ba Bi (287 m), Phu Mak Than (484 m) et Phu Khao Hem (485 m, à la forme caractéristique de pyramide). Çà et là apparaissent des collines aux formes coniques, des falaises, des petits plateaux arides et des formations rocailleuses biscornues sculptées par les vents et les moussons.

Sur sa façade thaïlandaise, la chaîne est dominée par les Phu Put (435 m) et Phu Kachieo (458 m), autour desquelles se forment des mamelons gréseux érodés aux formes de champignons-géants, des vallons abrupts et des falaises rougeâtres surplombant les gorges du Mékong. Le secteur est recouvert par les parcs nationaux de Nam Taem (Dong Natham) et Kaeng Ta Na. S’y trouvent de curieux vestiges d’art rupestres : des pétroglyphes aux formes animales ou humanoïdes, datant de vers 3000 av J.-C ; elles sont réalisées par une énigmatique civilisation proto-indochinoise dont l’influence s’étend sur l’est de l’actuel plateau de l’Isarn, au sud et nord-est Laos, ce jusqu’aux indéchiffrables pierres gravées de Sapa.

La partie laotienne du Phu Xieng Thong est classée réserve forestière en 1958. La forêt semi-sèche à feuilles persistantes (forêt-clairière) domine, des forêts sèche à dipterocarpés, mixtes, de feuillus ou bambou se répartissent de façon inégales. Y sont recensées seize espèces de mammifères, cent quatre-vingt-huit d’oiseaux et onze de reptiles ; les plus notables étant l’antilope de Sumatra (Capricornis sumatraensis), l’ours noir d’Asie (Ursus thibetanus), le léopard (Panthera pardus delacouri), le pangolin (Manis), le varan (Varanus varius) et le banteng (Bos javanicus).

L’extrême sud-est du Phu Xieng Thong est dominé par le Phu Nangam (716 m, le point culminant), un sommet prolongé de falaises plongeant vers le bassin de la Xe Don ; à l’extrême sud-ouest le Mékong forme une autre boucle majestueuse au pied des Phu Sati (414 m) et Phu Lassi (674 m), monts prolongés de falaises blanchâtres. Entre 1965 et 1975, les Américains et l’armée royaliste y maintiennent diverses bases secrètes, dont une LS (Lima Site) avec une piste de deux kms de long et un hôpital secret de la CIA, dans le sud de la chaîne (Kang Heuan) ; le site est utilisé comme maquis par des forces anti-communistes jusqu’à la fin des années 1980. L’ancienne base de la CIA se situe au sud du Phu Sati, non loin au-dessus des berges du Mékong. D’envergure, elle comprend une piste, un hôpital, des casernements ruinés, une place de rassemblement et sa statue rouillée (un lion rugissant), des bunkers effondrés et des tranchées ensablées où se retrouvent toutes sortes de munitions, vestiges d’attaques menées par l’armée nord-vietnamienne sur la base en 1975 ; la nature y reprend ses droits et un bois croît sur ces vestiges.

Divers modules de découvertes y sont organisés par Secret Indochina, notamment dans sa partie méridionale via diverses randonnées dominant le majestueux Mékong


© Crédit photo : Adthaporn Saconyen
 

 
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