JANVIER 2022
 
CONTENU
  • La montagne de Yen Tu, berceau du bouddhisme vietnamien
  • Muang Sin, à propos d'un vieux royaume laotien
LA MONTAGNE DE YEN TU
BERCEAU DU BOUDDHISME VIETNAMIEN
Située au cœur de la chaîne de Dong Trieu qui s’étire en forme d’arc à travers le nord-est du Vietnam, la montagne sacrée de Yen Tu fait l’objet d’une longue saga qui la propulse au rang de capitale du bouddhisme au Vietnam.

Pour comprendre l’engouement portée à ce lieu par le peuple Vietnamien encore aujourd’hui, il faut étudier son histoire multiséculaire, étroitement liée à celle de l’empereur Tran Nhan Tong.

Né sous le nom de Tran Kham en 1258, ce troisième représentant de la dynastie Tran (1225-1400) est l’empereur du Dai Viet (l’ancêtre du Vietnam) du 8 novembre 1278 au 16 avril 1293. Aujourd’hui considéré comme l’un des quatorze héros de la nation vietnamienne, ce personnage prend ses fonctions à l’aube de l’invasion mongole menée par Kubilai Khan - le petit-fils de Gengis Khan - fondateur de la dynastie Yuan, officiellement le Grand Yuan, qui règne sur la Chine jusqu'en 1368. En 1293, Tran Nhan Tong lègue le trône à son fils Tran Anh Tong, né Tran Thuyen, et prend le titre d’Empereur suprême (Thuong Hoang), aussi appelé Empereur doyen. L’année suivante, il se retire au palais Vu Lam à Ninh Binh pour y pratiquer le bouddhisme. À la fin de cette même année, il intervient personnellement dans la lutte contre la nouvelle invasion Lao, qu’il repousse avec succès. En octobre 1299, il décide de déménager à la montagne de Yen Tu, où il prend les noms de Huong Van Dai Dau Da, de Truc Lam Dai Tu Da, ou aussi de Giac Hoang Dieu Ngu. Il fonde alors le courant Truc Lam Yen Tu Zen, également connu comme l’école Truc Lam Zen, une fusion de trois lignées zen vietnamiennes du XIIe siècle : la lignée Thao Duong, Vo Ngon Thong et Tinida-luuchi avec des influences mixtes de Tong Lam Te. Par cette action, il unifie l’ensemble de l’église bouddhiste Tran en une seule. En 1308, ce roi-bouddhiste, brillant dirigeant militaire, et penseur artistique part pour la prospérité à Ngoa Van Am, sur la montagne de Bao Dai, qui court sur les flancs ouest de la chaîne de Yen Tu.

Ce courant Truc Lam Zen créé absorbe à la fois les fondements du bouddhisme sud-asiatique et de la méditation Dong Do, tout en utilisant les valeurs culturelles vietnamiennes et en encourageant les pratiquants à contribuer à la société sur la base de la compassion et la sagesse du bouddhisme. Les trois maîtres zen que sont Phap Loa, Huyen Quang et Nhan Tong incitent les pèlerins à se débarrasser des pratiques superstitieuses et à cultiver la vertu selon la doctrine des Dix Biens : dix bonnes actions accomplies par le corps, la parole et l'esprit.

Cette montagne de Yen Tu - aussi appelée montagne de l'Éléphant, montagne des Nuages Blancs (Bach Van Son), pic des Nuages Flottants, montagne Sacrée et An Tu - domine à 1068 mètres au sein du massif de Nam Mau, la partie ouest de Dong Trieu, une chaîne de montagnes frontalière avec la Chine, formée de schiste et de rhyolite (une roche magmatique), qui s’étend sur les provinces de Quang Ninh, Lang Son, Hai Phong, Hai Duong et Bac Giang sur un axe nord-est-sud-ouest au septentrion, puis d’est en ouest sur les versants méridionaux. Ses plus hauts sommets sont le Nam Chau Lanh (1507 m) et Cao Xiem (1429 m). À l’est, ce système montagneux se jette dans les eaux émeraude de la mer de Dong et la parsème d’îles et d’îlots karstiques aux formes fantomatiques, qui caractérisent si distinctement les baies de Ha Long, de Bai Tu Long et de Lan Ha, reconnues au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Cette localité sacrée s’imbrique dans la réserve naturelle de Tay Yen Tu, qui comprend plus de treize mille hectares de forêts, composée de prairies et d’arbustes, de clairières entrecoupées de petits arbres et de bambouseraies, de forêts denses à feuillage persistent, de conifères et de feuillus, où prolifère une myriade de systèmes faunistiques et floristiques bigarrés, incluant vingt-sept ordres, quatre-vingt-onze familles et deux cent quatre-vingt-cinq espèces de mammifères, oiseaux, reptiles et amphibiens confondus.

C’est à ses pieds que s’élance depuis 2018 le somptueux Legacy Yen Tu Mgallery, un édifice d’envergure ressemblant à un ancien palais, nervuré de couloirs en pierre et de carreaux en céramique réalisés à la main par des villages nordiques, forts d’un savoir-faire multigénérationnel. Inspiré par l’architecture vernaculaire de Yen Tu, et construit avec une minutie du détail, l’établissement est un témoin puissant mais humble du passé du Vietnam qui inspire l’harmonie et la pureté. Lors d’un séjour d’une à deux nuitées, visite de cette localité sacrée accompagné par un professeur de linguistique, polymathe et passionné de l’histoire du pays. Explication approfondie sur le Bouddhisme dans les pays d’Asie du Sud-Est, et exploration à pied ou via un téléphérique des hauteurs du complexe de Reliques et de Paysages de Yen Tu, reconnu comme relique nationale spéciale. Séance d’harmonisation du corps et de l’esprit au Centre Am Tuệ Tĩnh spécialisée dans les bains, les traitements et les conseils en matière de bien-être à base de plantes


 
MUANG SIN
À PROPOS D'UN VIEUX ROYAUME LAOTIEN
 
 
Le Laos, c’est le pays du Million d’éléphant, le pays des Mille rivières et pareillement le pays des Cent royaumes, en cette page, nous abordons l’un d’entre eux : le royaume lü de Muang Sin.

La région de l’ancien royaume lü de Muang Sin (Muang Xin, Muang Sing, Mueang Sing ou Mtiang Sing) se situe à l’extrême nord-ouest du Laos, dans le nord de la province de Luang Namtha. A l’est, la région est délimitée par le Mékong et la frontière birmane (la zone du Triangle d’Or), au nord par la Chine, à l’est par la province de Phongsaly et au sud par Luang Namtha. Au nord-ouest, la région est dominée par le massif du Paphouk Mai (1713 m), à l’ouest par le mont Gnai (1977 m), au sud par le mont Dat Cheng Koung (2058 m) et à l’est par la petite chaîne formant la frontière chinoise.

De ces hauteurs sourdent divers cours dont les rivières Nam Ma, Nam Ha, Nam Youan, Nam Xok Louang, Nam Khan, Nam Bok Gnai et Nam Loy ; elles affluent globalement toutes vers le Mékong. La région est recouverte de forêts secondaires et parfois primaires, çà et là apparaissent des plantations, des brûlis et des forêts de bambou ; dans le sud du mont du Dat Cheng Koung s’étend le parc national du Nam Ha NBCA.

Divers groupes ethniques organisés en clans généalogiques ou totémiques peuplent la région : les Thaï et les Lü se retrouvent dans les vallées, les Nua, les Khmu, les Nguan, les Dao (Yao), les Hmông, les Silla et les Lolo (Kha Kho) occupent les hauteurs. Les premiers habitants de la région sont des Khmu et leurs sous-groupes ; les Lü s’y installent vraisemblablement vers le VII-VIIIe siècle ap. J.C. et y fondent un royaume qui perdura plusieurs siècles.

En eux même, les Lü (Tai Lü, Thaï Lue) appartiennent à la famille thaïe, ils se répartissent entre le sud de la Chine, le nord Vietnam et le nord Laos, la Birmanie et Thaïlande. Au cours des siècles ils établissent divers royaumes, les principaux étant Tseng Mai (Chiang Mai), Tseng Hai (Chiang Rai), Tseng Hung (Jinghong), Xieng Thong (Luang Prabang), Tseng Tung (Kengtung) et Muang Sin.

La capitale de ce dernier se tient dans la vallée de Muang Sin, le long de la rivière Nam Ma. L’ancien royaume lü se compose vraisemblablement d’un ensemble d’une centaine de villages de trente à deux cent cinquante maisonnées généralement alignées d’une façon longitudinale le long d’une rivière ; la pagode se situant au nord et le cimetière à l’ouest. Ils sont naguère reliés par voie fluviale et via une série de chemins parsemés de bois où rodent éléphants, tigres, bandits et mauvais génies.

Les Lü sont à l’origine animismes, ils vénèrent les esprits dont le Phi Pho, le Phi Me, le Phi Huan et le Phi Muong. Les principales cérémonies annuelles sont le Tan Tam, celle des ancêtres, la Sookhuan Khuay, la cérémonie du buffle ayant lieu en fin de saison des labours et la Hek Na pour Dame paddy (le génie du riz), avant les semailles et après les récoltes. Les Lü pratiquent la danse, pour des cérémonies, des mariages et autres évènements.     
Frangipani flowers   
En 1564, la chronique de Chiang Khaeng mentionne Muang Sing en relation avec un soulèvement anti-birman et un exode. Selon la tradition locale, la vallée est recolonisée en 1792 par Nang Khemma, la veuve du défunt souverain du Chiang Khaeng. Troublée par des querelles entre ses six fils, elle déménage avec un fils, Cao Saengsi à Ban Nam Dai, un village situé à environ cinq kilomètres au sud-ouest de l'actuel Muang Sin. Elle y fonde Wiang Fa Ya, s'y installe et y construit un stupa au sommet d'une montagne (le That Chiang Tting, à la limite sud de la vallée de Muang Sin).

Ultérieurement, le royaume de Muang Sin vacille entre influences chinoises ou birmanes, notamment lors de la « Guerre des buffles ». En 1805, la région est dévastée par une invasion siamoise repoussant devant elle les hordes pillardes des Youennes (Yuan-Chinois), une partie de la population est emmenée en captivité ; la rive gauche du Mékong est à peu près dévastée, de grandes étendues de territoires désertées. En 1812, une deuxième invasion a pour conséquence la capture de six mille prisonniers ; les dévastations affligeant Muang Sin et la région environnante continuent, une fois passées, les populations réfugiées dans les montagnes retournent dans la vallée de la Nam Ma (lntroduction to the History of Müang Sing, Laos, prior to French Rule: the Fate of a Lü Principality. Volker Grabowsky, BEFEO, tome 86, pp. 233-291.1999).

En 1867-1868, l'expédition française de Doudard de Lagrée et de Francis Garnier explore les environs. Le statut précaire de Muang Sin est révélé plus tard lors de négociations secrètes entre l'Angleterre et la France qui portent sur la création d'un État-tampon dans la région du Haut Mékong, avec comme capitale Muang Sin. Lorsqu’en 1895, les négociations échouent, le cours du Mékong au nord de Chiang Saen est défini comme la frontière entre la Birmanie britannique et l'Indochine française.

En 1896, les Français établissent une garnison à Muang Sin, en 1904, la région devient une principauté autonome sous protection française après un nouvel accord entre la France et la Grande-Bretagne. En 1907, le gouverneur général de l'Indochine publie un décret établissant un poste de délégué du commissaire du gouvernement à Muang Sin. En 1916, le royaume est intégré à l'Indochine française, mais les habitants contestent l'occupation française. Pendant la première moitié du XXe siècle, les Français profitent de la situation stratégique de la ville en l'utilisant comme station de pesage et marché pour réguler leur monopole sur l'opium et ainsi mieux contrôler les Hmông.

En 1962, la vallée de Muang Sin est bombardée par le Pathet lao qui détruit ainsi la plupart des monastères et provoque l'exode des habitants vers la Birmanie et la Thaïlande. Durant le reste de la Guerre Secrète (1964 – 1975), la région reste aux mains du Pathet Lao, elle se ré-ouvre dans les années 1990.

Le pays des Lü se retrouve désormais via l’atmosphère de certains villages de la vallée de la Nam Ma et sur ses hauteurs où s’étendent les splendides espaces du parc national du Nam Ha NBCA


 
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