LES MONTS DES DÂNGRÊK
À PROPOS D'UN MASSIF CAMBODGIEN
JUILLET 2020
Les Monts des Dângrêk, le Chuor Phnum Dangrek des Khmers, se situent au nord du Cambodge et au sud du plateau de l’Isarn en Thaïlande (le bassin de Khorat). Littéralement Dângrêk peut se traduire par Rempart du Royaume ou Monts de la Muraille.

Les Dângrêk s’étendent sur un axe est-ouest sur trois cent kilomètres de long sur une quarantaine de large en moyenne. Au Cambodge, ils constituent le nord des provinces de Preah Vihear et d’Oddar Meanchey et la partie nord-ouest de Banteay Meanchey. En Thaïlande le sud des provinces d’Ubon Ratchathani, Sisaket, Surin et Burinam. Les Dângrêk sont formés principalement de grès, quelques coulées et monts basaltiques peuvent s’y trouver, notamment Dong Chan Yai et de Dong Chan Noi dans la province d'Ubon Ratchathani. Malgré la longueur de la chaîne, les monts des Dângrêk culminent relativement bas, l'altitude moyenne étant d'environ cinq cent mètres. Le Phu Khi Suk en est le point culminant (753 m), situé à l'extrémité orientale des monts, dans la région de Chong Bok, à la frontière de la Thaïlande, du Laos et du Cambodge. Les autres sommets étant le Phu Khok Yai (693 m), le Phu Chep Thong (692 m), le Phu Tangok (689 m), le Phalan Sun (670 m), le Phanom Ai Nak (638 m), le Phanom Thaban (582 m) et le Khao Banthat (374 m), à l'extrémité ouest. La façade nord des Monts des Dângrêk s’étend en pente douce, tandis que la façade méridionale se constitue d’escarpements, de longues barres de falaises dominant les plaines et les forêts clairières nord du Cambodge. Quelques rivières prennent leur source en ces parages, notamment la Stung Sen, un des affluents majeurs du lac Tonle Sap.

Les Monts des Dângrêk sont principalement recouverts de forêts sèches à feuilles persistantes, de forêts mixtes de dipterocarpés, de forêts de dipterocarpus à feuilles caduques, en ses contreforts de forêts clairières. Des variétés d'arbres comme les Pterocarpus macrocarpus, les Shorea siamensis, les Xylia xylocarpa et les Dalbergia cochinchinensis y dominent. Ses forêts sont parcourues par des sangliers, des cerfs et chevreuils, des gibbons, quelques panthères et des civettes, diverses variétés de reptiles et des oiseaux tropicaux dont l'érismature à ailes blanches. Diverses réserves naturelles sont établies, notamment celles de Banteay Chhmar et de Kulen Prum Tep au Cambodge, les sanctuaires de Huai Sala et de Yot Dom et les parcs nationaux de Ta Phraya et de Khao Phra Wihan en Thaïlande.

Avant le XIVe siècle, les Dângrêk appartiennent intégralement aux rois khmers puisque leur royaume s’étend loin au nord dans l’actuel plateau de l’Isarn. La royauté angkorienne s’étend sur une grande partie de la Thaïlande, qui à partir de 1351 va étendre son royaume au dépend des provinces khmères. Angkor est annexé entre 1795-1796 sans aucune convention, la province de Stung Treng est annexée en 1813. Le traité franco-khmer du 11 août 1863 fait échapper le Cambodge à la suzeraineté́ siamoise. Les Dângrêk sont au centre de démêlés territoriaux entre le Cambodge et la Thaïlande, en particulier le conflit particulier du temple de Preah Vihear. Les origines du conflit de Preah Vihear remontent au traité franco-khmer de 1863. S’en suit une série de conventions, d’avancées et de reculs. La situation s’envenime entre 1953 et 2008, divers incidents et affaires diplomatiques troublent les relations et aboutissent à un conflit armé. La situation s’apaise à partir de 2011 et Preah Vihear et les Dângrêk ouvrent à nouveau leurs portes

 

LA CULTURE DONG SON
DISTINCTIVE CIVILISATION D'ASIE DU SUD-EST DE L'ÂGE DU BRONZE ET DU FER

La culture Dong Son (Dongson) ou Lac Viet (parfois traduite « Montagne de l’Est ») prospère dans les bassins des rivières Hong (Rouge), Ma et Ca du Nord Vietnam – dans ce que les Chinois nomment jadis le pays des « hommes-crocodiles » – entre probablement le VIIe siècle avant J.-C. (des sources suggèrent un début dès le premier millénaire avant J.-C.) et le IIe siècle après J.-C. Métallurgistes de la fin de l'Âge du bronze et du début de l'Âge du fer, les Dong Son sont considérés comme les ancêtres des Vietnamiens modernes et comme la plus caractéristique des premières civilisations de l'Asie du Sud-Est. Divers débats questionnent le stade de développement de cette société classée pour certains au rang d’État et pour d’autres à celui de confédération de villages qui s’échangent matériels et pratiques culturelles. Toutefois, une certitude demeure quant à l’ingéniosité de son génie civil, pour édifier des sites mortuaires d’envergure, et de ses artisans, spécialistes dans la confection d’objets éclatants en bronze, dont notamment les « tambours » (ou gongs) – des instruments de musique cérémoniels somptueusement décorés de motifs géométriques, de scènes de vie quotidienne, de rituels et de combats.

Les Dong Son s’épanouissent d’une économie basée sur la pêche, la chasse et l'agriculture centrée sur la culture du riz humide – lançant les grandes transformations de la zone méridionale du delta du fleuve Rouge et de ses parties montagnardes en une vaste terre rizicole. Vivant au sein de maisons sur pilotis aux toits de chaume dont la taille varie en fonction du rang social, ils produisent une pléthore d'objets en bronze incluant outils, récipients, ornements, armes, plombs de filet rainurés, pointes de lance à douille, haches et cloches, ainsi que des céramiques, perles, bracelets, crochets, boucles de ceinture et illustres figurines à l’instar de celles créées par les Massaï d’Afrique. En outre, cette civilisation unique semble indéniablement liée à la navigation sur mer aux vues de la quantité des sépultures de bateaux-cercueils mises au grand jour par les fouilles modernes.

L’intérêt commercial des Chinois envers cette partie septentrionale du Vietnam est particulièrement souligné dans les premiers textes historiques chinois. Ces derniers la convoitent pour les nombreuses ressources commerciales qu’elle recèle comprenant cornes de rhinocéros, défenses d'éléphants, plantes médicinales et produits forestiers. L’influence de ce voisin envahissant s’exerce durant un millénaire et se propage inexorablement dans l’artisanat des Dong Son. C’est finalement au IIe siècle après J.-C. que la culture Dong Son succombe aux invasions chinoises, et se voit incorporée au territoire de la dynastie Han

 

SOPHIE HUGHES
TRAIT D'UNION ENTRE HISTOIRE VIETNAMIENNE ET ART CONTEMPORAIN

Sophie Hughes est une conservatrice d'art, avant-gardiste, qui cherche à rapprocher le public international de la toile artistique vietnamienne en pleine floraison. Originaire du Royaume-Uni, Sophie vie au Vietnam depuis 2009, et se prend de passion pour l'art local qui, selon elle, se véhicule bien au-delà des simples expositions hors-contextes des musées. Cette flamme conduit cette ancienne directrice de galerie et de festival cinématographique à créer « Sophie's Art Tour », un circuit culturel à Hanoï pour découvrir le Vietnam à travers les yeux de ses artistes – le fruit de deux ans de recherche durant lesquels Sophie sillonne musées et galeries indépendantes, à la rencontre d’artistes qui s’évertuent à exprimer leur talent dans une sphère artistique étouffée. Ce voyage visuel unit harmonieusement l’art et l’histoire vietnamiens à travers les rôles et expériences singulières de personnalités qui étudient, combattent, assistent et documentent les principales évolutions du pays du XXe et du XXIe siècle.

Au cours d’une soirée informelle, rencontre de Sophie dans son atelier à Hue, construit dans le style d’architecture impériale. À travers une discussion interactive, plongée dans l’intrigante histoire du Vietnam, et notamment de la dynastie Nguyen, la dernière dynastie féodale du pays qui règne de 1802 à 1945 – période charnière qui oscille entre l'expansion impériale, le colonialisme et l’émergence de l'époque moderne. Dégustation de mets traditionnels élaborés en adéquation avec la cuisine impériale d’antan, établie pour satisfaire le palais de l'Empereur. Puis, promenade digestive dans la galerie privée de Sophie afin d’admirer une sélection d’œuvres des plus intrigants créateurs émergents et établis dans le pays, qui ouvre à la réflexion, en abordant les questions d'identité, de mémoire, de nation, de passé et d'avenir








     

LES LOMA 
À PROPOS D'UN GROUPE TIBÉTO-BIRMAN DU NORD LAOS5
Dans la continuité d’un précédant article sur le massif du Phu Sang, Secret Indochina revient sur ces monts vaporeux en abordant le sujet d’un de ses groupes ethniques, les Loma. Situé dans le sud de la province laotienne de Phongsaly au Nord Laos, le Phu Sang est le territoire de mystérieux sous-groupes tibéto-birmans appartenant au groupe des Akha (Iko), littéralement, les gens intermédiaires ou entre-deux. Les Tibéto-birmans du Laos sont d’une rare complexité ethnique puisque repartis en trente-trois groupes dont les Akha, les Sila, les Sida, les Poussang, les Keu, les Alou, les Lo Lo Noir, les Hayi, les Ho, les Pounoy et les Mousseur. Les Akha eux même sont divisés en vingt-deux sous-groupes, soit trente mille âmes pour la province de Phongsaly.

Les Loma (Ko Lu Ma ou Luma) sont environ trois mille, répartis en une dizaine de villages dans le sud et centre du Phu Sang. Un des plus importants est Ban Laosen, composé de quatre-vingt-neuf familles, soit plus de six cents personnes, établies en plein cœur du massif, sous le mont Katchouma-Katchouma, mont sacré couvert d’une forêt non moins sacrée. Les maisonnées sont disposées en lignes sur la face orientale du Katchouma-Katchouma, elles surplombent une profonde vallée et une série de longues crêtes s’étalant à l’infini.

Au sujet de leurs origines, les Loma spéculent que dans les Temps historiques ils vivent sur une haute montagne en Chine, qu’un glissement de terrain sépare les groupes, certains glissent vers le nord de la Chine, d’autres vers le Laos. Arrivés au Laos, les premiers groupes loma s’installent dans des grottes ou construisent des abris-troglodytes, plus tard ils s’organisent en petites royautés, un des rois loma s’allie avec un roi ho ; à sa mort les Ho déclenchent une longue guerre et repoussent les Loma dans les profondeurs du Phu Sang, créant ainsi leur nouveau territoire-refuge où ils subsistent depuis lors.

Les Loma se distinguent par leur vie autarcique, par les splendides parures des femmes et par leur sens de l’esthétisme : coiffes et tiares couvertes d’argent, de pièces de monnaie et de piastres de l’Indochine française, bracelets incrustés, plastrons argentés, plaquettes d’argent, ceintures de coquillages, lourds colliers de perles ou de verroterie, pendentifs précieux, broches ciselées, fines broderies colorées, mélange déconcertant des couleurs, nuances subtiles des teintes des tenues etc. Leur organisation sociale est une réminiscence des anciens royaumes, ils suivent un vieux code de conduite nommé l’Akhazan.
THE MIG-21 
DECAYING PRE-ANGKORIAN RUINS 
DECAYING PRE-ANGKORIAN RUINS 

A la tête de chaque village, un chef et son adjoint choisis parmi les habitants les plus aisés, secondés par des notables, choisis par le chef et dont le nombre varie en fonction de l'importance dudit village. Animistes, ils croient que le destin de l’humanité est entre les mains d’esprits, les villages en sont protégés par des séries de talismans placés aux principales entrées, les chamans naviguent entre ces dimensions et interviennent pour soigner, guérir, pour les cérémonies annuelles, pour les mariages, les enterrements et autres affaires. Les ancêtres ont édicté des mœurs et des coutumes devant être strictement observés, la vie est ainsi dictée par une série de craintes et de superstitions. Tout écart entrainerait, tôt ou tard, de graves malheurs.

Les femmes loma portent de longues jupes et des gilets bleu-sombres sur lesquels sont brodés des figures géométriques de ton rose-orangé, elles sont souvent couvertes de lourds colliers et de verroterie de couleur rose, portent des coiffes coniques pour les mariées, plates pour les célibataires, celles-ci sont généralement décorées de piastres et de pièces d’argent plus ou moins précieuses. La maisonnée loma n'est pas considérée comme un bien. Elle est toujours construite par l'ensemble des villageois, à flanc de coteau, à même le sol. Jadis massives et construites en terre battue, elles sont désormais en bois et couvertes d'un toit en paille ou en tôle. L’habitat loma est généralement constitué d’une grande pièce commune et d’alcôves ou parfois de chambrettes, il est d’une simplicité extrême et pratiquement dénudé de meubles, mis à part quelques lits ou bat-flancs, des chaises basses et un feu. Quand les occupants d'une maison partent, il est interdit d'y habiter ou même d'en prendre le bois pour le chauffage ou la cuisine. La seule alternative est de la détruire et d'en construire une autre. Les seuls biens de ces villageois sont matérialisés par : des gongs, des objets en argent enfouis sous terre ou transformés en bijoux, quelques instruments rudimentaires, de l’opium et leurs animaux (buffles, bœufs, cochons, poulets).

Agriculteurs-essarteurs, les Loma pratiquent la culture du riz de montagne sur brûlis. Ils n'éprouvent pas le besoin de posséder un terrain. Ils travaillent la terre et l'abandonne lorsqu'elle s'épuise. Ainsi, traditionnellement les villages se déplaçaient tous les sept ou huit ans, nomadisme tribal désormais en voie de sédentarisation. Les Loma cultivent également des légumineuses, du tabac, du pavot, du maïs, du coton, l’indigo, le sésame et produisent leur miel


 
Secret Indochina
Secret Indochina est née en 2011 suite à la vision de deux professionnels passionnés de voyages authentiques : Tran Quang Hieu et Nicolas Vidal. Secret Indochina est une filiale d’Amica JSC et spécialisée dans le BTB, avec pour vocation d’emmener ses voyageurs vers des sites exceptionnels, des lieux magiques et des communautés méconnues

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