MAI 2024
 
 
CONTENU
LE CALAO PIE
LE GARDIEN DES FORÊTS
 
 
Lors de périples dans les forêts ou dans des parcs d’Indochine, le voyageur chanceux aura peut-être le privilège d’apercevoir ou d’entendre un calao pie, un oiseau aussi fascinant que rare, localement réputé au Laos comme étant le « gardien des forêts ».

Le calao pie, connu sous le nom de calao à bec noir ou calao à ailes blanches (Anthracoceros albirostris) est une espèce appartenant à la famille des Bucerotidae. Elle est endémique à l’Asie du Sud-Est, notamment au Laos, au Vietnam, à la Thaïlande et au Cambodge. Le calao pie est associé à des habitats forestiers développés, avec une abondance de grands arbres offrant un couvert dense. Il se plaît dans les zones forestières tropicales et subtropicales, y compris les forêts primaires, secondaires, dans les lisières forestières et les zones boisées adjacentes, dans des parcs, des jardins et des plantations d'arbres fruitiers.

Le calao pie est un oiseau de taille moyenne à grande, mesurant jusqu’à vingt-cinq centimètres de longueur pour un poids d’une moyenne d’un kilogramme. Il a un plumage distinctif, avec une tête noire, un dos brun foncé et des parties inférieures blanches. Ses ailes sont noires avec des marques blanches, sa queue est longue et graduée. Il se distingue par un bec puissant et pointu. Il est omnivore et se nourrit d'une grande variété d'aliments, notamment des fruits, des baies, des graines, des insectes, des araignées, de petits reptiles et mammifères et des œufs d'oiseaux. Il est souvent observé en train de se nourrir dans les arbres fruitiers où il se déplace furtivement à la recherche de fruits mûrs. Sa vitesse en vol est en moyenne de cinquante kms par heure.
Le Calao Pie
Le calao pie est social et grégaire, il forme des groupes de taille variable, allant de quelques individus à de grands rassemblements. Ils sont souvent observés en train de se déplacer bruyamment à travers la canopée forestière, émettant des appels distinctifs. Sa saison de reproduction varie selon les régions, elle se situe pendant la saison des pluies, lorsque les conditions environnementales sont optimales pour la nidification et l'abondance des ressources alimentaires. Le calao pie construit généralement son nid dans des creux d'arbres où la femelle dépose plusieurs œufs qu'elle incube pendant deux semaines. Les deux parents participent à l'incubation et à l'alimentation des jeunes.

Le calao pie est principalement sédentaire, cependant certaines populations peuvent effectuer des mouvements saisonniers ou des migrations locales en fonction de la disponibilité des ressources alimentaires et des conditions environnementales.

Dans plusieurs cultures asiatiques, le calao pie est considéré comme un symbole de chance, de prospérité et de protection. Il est parfois représenté dans l'art, la littérature et les cérémonies religieuses en tant qu'oiseau sacré associé à la bonne fortune et à la sagesse. Dans la culture laotienne, l’on raconte qu'un calao pie particulièrement grand et majestueux, appelé Dok Champa est le gardien des forêts et des esprits de la nature. Au Cambodge, une légende relate qu’un calao pie aurait sauvé un village de la destruction en avertissant les habitants d'un danger imminent.

Au Vietnam, les parcs nationaux et les réserves naturelles les plus notables pour observer le calao pie sont Cuc Phuong, Phong Nha – Ke Bang, Yok Don et Cat Tien, au Laos, la Nam Et et le Phu Kao Khouay non loin de Vientiane, au Cambodge, Virachey, Siem Pang, les forêts des Cardamones et dans le Khao Yai en Thaïlande. 


© Illustration de Damien Egan
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MAISON WAT KOR
RETRAITE AU VERT ET HOSPITALITÉ KHMÈRE
 
Battambang est le chef-lieu de la province éponyme. Premier grenier à riz du pays, il s’agit de la deuxième ville du pays, après Phnom Penh, avec près de cent cinquante mille habitants. Fondée au XIème siècle, elle passe à deux reprises sous le contrôle thaïlandais avant d’être récupérée définitivement par les Français, au profit des Khmers, en 1909. Battambang est facilement accessible par la route depuis Phnom Penh (trois cents kilomètres) ou Siem Reap (cent soixante-dix kilomètres). En saison des pluies, le trajet fluvial Siem Reap-Battambang via le lac Tonlé Sap est unique : un voyage sur la mer nourricière du Cambodge.

Battambang est installée sur les bords de la rivière Sangker, un affluent du Tonlé Sap ; elle est entourée de plaines fertiles où sont cultivés riz, noix de coco, oranges et bananes. Au centre-ville, se trouvent des demeures de style colonial au charme désuet, tout au long de la rivière, çà et là apparaissent de petits temples. Le marché central et le musée d’archéologie constituent d’autres centres d’intérêt.

Sur sa partie méridionale s’établit le village de Wat Kor, célèbre pour ses vingt-et-unes maisons datant du début du XXème siècle, édifiées à l’aide de bois rares, et entourées de jardins-vergers qui s’offrent à la rêverie depuis de larges vérandas dans une ambiance d'un autre âge. C’est dans cette campagne véritable que Kim Nou et Sophean, francophones et francophiles, décident d’y ériger leur Maison Wat Kor. Fondu harmonieusement dans une végétation touffue, cet hôtel de charme comprend quinze chambres réparties dans trois maisons traditionnelles en bois sur pilotis magnifiquement préservées, garni d'un restaurant-bar et d'une piscine d'eau salée.

Récif corallienÀ la fin des années soixante-dix, à la chute du régime Khmer Rouge, le jeune Kim Nou se prend d’habitude d’aller pêcher avec ses compagnons du même village au lac du Tonlé Sap, le plus grand lac d'eau douce d’Asie du Sud-Est. Un jour, en route ledit lac, la roue de leur char à bœufs se rompt. C’est alors qu’une famille voisine s'empresse de leur porter secours pour fixer leur bousmobile. Emplis d’une bonté naturelle, les réparations terminées, les bienfaiteurs du jour invitent toute la bande à se délecter d’un repas convivial. Un moment sincère partagé tel des membres d’une même famille qui s’ancre à jamais dans la tête du jeune garçon comme une référence de l’hospitalité cambodgienne.

Aujourd’hui, le fondateur de la Maison Wat Kor a comme mot d’ordre : favoriser la force humaine des communautés de Battambang, et leur redistribuer équitablement des bénéfices générés par son établissement. En sus, il encourage ses résidents à comprendre et à protéger l’essence de l’architecture traditionnelle khmère, en opposition au style contemporain des complexes résidentiels urbains chinois ayant le vent en poupe dans le pays, et promeut la cuisine vernaculaire qu’il met en lumière dans son espace de restauration s'inspirant des repas familiaux servis dans une hospitalité similaire. Une culture et des valeurs que l’ensemble du personnel de Maison Wat Kor s’efforce de transmettre aux hôtes de passage, dont les plus renommés comprennent les ambassadeurs américains et français, ou encore le couple Angelina Jolie, Brad Pitt.

Depuis cette oasis luxuriante, découverte à vélo ou en tuktuk de l'hypnotique campagne ceinturant Battambang. Rencontre d’artisans khmers spécialisés dans les mets populaires tels que le papier de riz, fabriqué à base de riz brisé trempé dans des pots en argile, les bananes séchées, le riz gluant en bambou (le Kralan), et le vin de riz. Immersion dans la vie quotidienne de ces communautés rurales et dégustation de spécialités fraîchement concoctées. Un moment de convivialité au goût de fruits de saison, d'eau de coco et de sourire chaleureux. Non loin, visite de site commémoratif pour les victimes du régime khmer rouge, au champ d’extermination de Samrong Knong ou du site historique et religieux de Phnom Sampov, la Grotte de la Mort, célèbre pour son bouddha couché. Pour les afficionados de cirque, visite du campus de l’ONG Phare Ponleu Selpak, une organisation culturelle d’insertion de jeunes défavorisés via les métiers d’art et du spectacle, un véritable catalyseur de vocation pour ces nouvelles générations en devenir.


                           
L'ARCHIPEL DE CU LAO CHAM
ENTRE FONDS MARINS EXOTIQUES ET BIOSPHÈRE MONDIALE
 
Dans des précédents articles, nous abordions le littoral du centre Vietnam, nous continuons dans cet esprit avec Cu Lao Cham, un archipel se situant au large de Hoi An et de l’estuaire de la Thu Bon.

L’archipel des îles Cham (Cu Lao Cham ou Pûn Lao Cham, « l’île des Cham ») se distingue par ses villages de pêcheurs ventés, par ses eaux cristallines et ses fonds sous-marins exotiques classés en parc marin - réserve de biosphère mondiale reconnue par l'UNESCO.

L’archipel se forme de huit îles dont Hon Cu, Hon Ca, Hon Lao (« la perle »), Hong Giai (« la longue »), Hon Mo, Cu Lao Cham, Hong Ong (« vent d’est ») et Hon Tai (« l’oreille ») au sud. Sauf Cu Lao Cham ; ses îles apparaissent comme de petits îlots rocheux recouverts de bois-maritimes émergeant des flots azurés de la Mer de l’Est. Vers le sud-ouest, l’archipel est influencé par les eaux de l’estuaire de la rivière Thu Bon, vers l’est et le sud-ouest, il s’ouvre vers le large.

En elle-même, Cu Lao Cham est orientée sur un axe nord sud-est, elle mesure 7,5 kms de long pour 3,6 kms au plus large. Sa côte orientale se compose de hauteurs rocheuses et de falaises, de blocs à moitié engloutis et battus par les vagues ; la méridionale, plus abritée, se constitue de plages au sable doré et de deux villages de pêcheur : Tan Hiep et Bai Huong au sud-est. L’ensemble est dominé par une ligne de crête bossuée menant vers le point culminant de l’île, une éminence recouverte par une épaisse forêt maritime et culminant à 518 m, le second sommet culmine 326 m. Les roches y sont d'âge triasique précoce, principalement composées de granites.
Récif corallien
La zone de conservation de l’archipel se compose de deux zones, l’une marécageuse vers Hoi An et le delta de la Thu Bon, et l’autre péninsulaire. Le corridor entre les deux zones centrales est considéré comme la zone tampon écologique et comme zone de transition reliant l'embouchure de la Thu Bon et l'archipel ; elle contribue largement à la reconstitution des écosystèmes marins de la région. Les écosystèmes se forment d’herbiers marins, de récifs coralliens, de plages, de bois de mangroves et de forêts tropicales humides. Y sont identifiés centre trente-cinq espèces de coraux, cent vingt-deux espèces d’algues, cent quarante-quatre espèces de coquillages, vingt-cinq espèces de crustacés (dont quatre espèces de langoustes), quatre-vingt-quatre espèces de langoustes, cent soixante-dix-huit espèces de poissons. Entre les coraux déambulent principalement le mérou-corail (Epinephelus coralicola), le poisson-perroquet à bosse (Bolbometopon muricatum), le poisson-ange (Pomacanthidae) et le poisson-Napoléon (Cheilinus undulates).

Avec des espèces de singes dont le macaque, l’archipel se distingue par les salanganes (Aerodramus, les hirondelles-maritimes). Leurs œufs sont considérés comme un mets délicat, la récolte annuelle serait d'environ 1,4 tonne, d'une valeur de 4000 USD par kilogramme.

L’archipel est colonisé dès l’antiquité, vraisemblablement par des groupes proto-indochinois, puis par les Cham qui y établissent ports, sanctuaires, monuments, digues et rizières. D’anciennes archives dépeignent ainsi les lieux : … à 12 kms de l'estuaire du sông Thu-bôn conduisant au port fluvial de Faifo. L'île, de constitution volcanique, était au VIII un lieu d'exil pour les criminels du royaume de Champa. Les insulaires paraissent avoir conservé les traits caractéristiques des anciens Cham. Exploitation des nids comestibles de salanganes, recherchés par les gourmets chinois…

Les marins de diverses flottes connaissent l’archipel pour ses facilités d'ancrage, ses approvisionnements en eau douce et pour son gibier. L’archipel apparaît dans des cartes chinoises vers 700 après J.-C. Diverses épaves sont découvertes dans les fonds bordant l’archipel, l’une d’entre elles contient des jarres relativement grandes pour certaines et laissent à penser qu’elles pourraient avoir été utilisées pour un usage de conservation et de transport ; certaines céramiques retrouvées sont attribuées au site des fours de Chu Dau (Nord Vietnam, province de Hai Duong).

Aujourd’hui Cu Lao Cham ouvre ses jardins coralliens aux amateurs de plongée à tuba ou en bouteille, après un bref transfert naval depuis la cité des lanternes de Hoi An. Encadré par un moniteur certifié, descente entre 6 à 12 m pour explorer ce monde aquatique d’exception avant de rejoindre la plage de Bai Chong pour se prélasser et déguster des mets locaux à base de fruits de mer servi sur le sable fin.
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