À PROPOS DES SADETS
MYSTIQUES ROIS-SORCIERS JARAÏ
MARS 2020
Témoins d’un passé lointain et premiers habitants de ce qui est devenu le Vietnam, le Laos et le Cambodge, les populations proto-indochinoises, aussi nommés les « Montagnards d’Indochine », formaient jadis de puissants groupes ethniques indépendants, isolés dans leurs fiefs, protégés par de hautes montagnes et des jungles inextricables. A l’époque de l’Indochine française ces territoires étaient dénommés Jungles moï, Hinterland moï ou de Pays des Moïs - moï étant un dérivé du mot péjoratif vietnamien qui signifie « sauvage, barbare ». Ces autochtones ou Fils d’Homme comme ils aiment s’autoproclamer, articulaient leurs vies autour de tout-puissants Génies, d’incessantes guerres tribales et d’une pléthore de traditions. L’une d’elles auréole la famille des Jaraï, l’une des plus importantes peuplades moï appartenant au groupe linguistique austro-asiatique, qui occupe le Kontum occidental et méridional au sein des actuels Hauts-Plateaux du Centre Vietnam.

Cette tradition se rapporte aux Chams contre lesquels les Jaraï – qui sont de facto une émanation du royaume cham ayant conquis les montagnes - luttent sous les ordres de deux fameux chefs sorciers connus sous le nom de Sadet ; le Sadet du Feu et le Sadet de l’Eau.

Le premier, aux appellations disparates selon les régions allant de Roi du feu, Roi supérieur, à Roi de l’est, est naguère situé au sud de l’actuel Pleiku, dans le bassin du Ya Ké, sur un affluent de l’Ayunpa, l’une des branches du Song Ba, la plus importante rivière de l’Annam central. D’après les légendes, ce roi possède le fameux sabre sacré, un précieux fétiche tombé du ciel récupéré à la suite d’aventures curieuses impliquant les rois des peuples de la terre : Chams, Cambodgiens, Annamites, Laotiens, Rhadé et Jaraï. Cet emblème hégémonique permet d’assoir son autorité divine sur les populations moï environnantes, chame et jusqu’au royaume khmer (le détenteur du fourreau du fameux sabre) qui honore, lui, son allégeance au souverain jaraï à l’aide de mystérieux présents envoyés chaque année.

Le second, désigné Roi du l’eau, Roi inférieur, ou encore Roi de l’ouest, et localisé sur le Ya Lop, affluent du Nam Lieou, gros tributaire de la Srépok moyenne, dispose d’une renommée et d’une influence moins étendue que son voisin. Il ne possède, d’après les uns, que d’un sceptre de bois orné de pierres précieuses appelé Tambong Phek dont le pouvoir serait de faire périr la personne qui en est touchée ; la victime, cependant, ressusciterait aussitôt au contact de l’extrémité opposée à celle qui l’a fait mourir. D’autres prétendent qu’il détient une pierre représentant le fruit Mak-yang qui doit mûrir à l’approche de la fin monde.

L’influence incontestée de ces deux chefs s’altère finalement à l’arrivée des colons français à la fin du XIXe siècle. Elle disparait définitivement lorsque le Sadet de l’Eau orchestre l’assassinat de l’administrateur Prosper Odend’hal, en avril 1904. Ce dernier, venu dans le cadre d’une mission archéologique, et philologique, essaye de nouer des relations amicales avec ce magicien redouté pour pacifier cette région désolée par le brigandage. Un potentiel agrément se laisse entrevoir à condition que l’explorateur se présente au village du chef sans armes et sans escorte avec un interprète et trois domestiques. La témérité et l’insistance d’Odend’hal pour se faire montrer l’arme céleste causera en fin de compte sa perte



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LE CHEVROTAIN À DOS-ARGENTÉ
ÉLUSIF CERF-SOURIS VIETNAMIEN 
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Le chevrotain à dos argenté (Tragulus versicolor), ou Cerf-souris vietnamien, est l'une des plus insaisissables créatures du Centre-Sud Vietnam. Autrefois considérée comme éteinte, cette espèce de mammifères herbivores est identifiée scientifiquement pour la première fois en 1910 via quatre spécimens trouvés près de Nha Trang, à proximité du territoire des Raglaï. Elle n’est repérée de nouveau qu'à partir de 1990 lorsqu'une cinquième carcasse est recueillie durant une expédition russo-vietnamienne. C’est en 2019 que les spéculations sur sa réelle existante – dues à sa persistante invisibilité – cesse quand une équipe de scientifique parvient à le photographier.

Ni souris ni cerf, ce chevrotain représente le plus petit de tous les ongulés (mammifère à sabots). De la taille d’un lapin, il mesure environ quarante-cinq centimètres de haut pour un poids de trois à cinq kg. Il se distingue par ses longs crocs et marche sur la pointe des sabots. Il tient son nom des reflets argentés qui tachent son pelage orange-brunâtre, à l’opposé du chevrotain commun, qui lui en est démuni. D’après les zones où les rares spécimens sont observés via des pièges photographiques, le Cerf-souris semble préférer le climat de forêt sèche et d’arbustes épineux de la côte du centre-sud du Vietnam, au sein de la cordillère Annamite. De nos jours, peu d’informations transparaissent sur son existence et l’estimation de sa population reste difficile.

Cela dit, cet animal figure déjà sur le Livre rouge des espèces menacées de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et représente le premier mammifère sur la liste des 25 espèces perdues les plus recherchées de la Global Wildlife Conservation. Au même titre que le saola (Pseudoryx nghetinhensis) ou le muntjac géant (Muntiacus vuquangensis), ce cerf miniature est menacé par le braconnage au collet métallique et la frappante perte d'habitat due à la déforestation. Toutefois, cette trouvaille fait naître l'espoir de nouvelle découverte et souligne l’importance d’appliquer davantage de mesures pour la réduction du braconnage illégal et aveugle des communautés indigènes


            

LES MONTS DU PADARAN
À PROPOS D'UN MASSIF MARITIME DU CENTRE-SUD VIETNAM

Le massif du Padaran se situe dans le sud de la province de Ninh Thuan et de Phan Rang. De par son aspect semi-aride et rocailleux, il est avec le Nui Chua l’un des plus étonnants massifs maritimes du Centre-Sud Vietnam, formant une hauteur rhyolitique isolée et détachée des contreforts du Massif Sud-Annamitique. Sa partie méridionale est bordée par la baie de Cana, sa façade occidentale surplombe la pénéplaine sud de la vallée de Phan Rang, ses flancs nord-ouest s’étirent sous la forme d’une étroite ligne de crête composée d’éperons et de monolithes granitiques, son versant nord-est domine l’erg de Mui Dinh et le Cap Padaran ; finalement son versant sud-est, abrupt et rocailleux, se jette littéralement dans les flots céruléens du Pacifique. De vieux Dragonniers en ornent ses pentes et en font l’arbre emblématique du massif.

Il est constitué par un ensemble désordonné de vallées encaissées, de monolithes rougeâtres, de pierriers, de murailles rocheuses et de sommets caillouteux dont le Da Bac (642m, le point culminant), le Deo Ca (628m), le Mt de l’Aigle (585m), le Hon Mai (584m), le Ho Be (481m), le Mui Mot et le Nui Chan Bang, un mégalithe d’aspect solennel et sacré pour les Cham vivant non loin. Ses torrents principaux déversent occasionnellement leurs flots vers le sud et les salines de Cana, au nord ils forment le Song Bau Ngu alimentation de la lagune de Song Hai et de résurgences souterraines générant les petits lacs et les lagons parsemant l’erg de Mui Dinh.

Les monts du Padaran subissent un climat semi-aride de type c, normalement caractéristique des zones subdésertiques et des steppes du Kazakhstan. Ils sont partiellement recouverts d’une forêt maritime impénétrable poussant sur un sol squelettique d’où émergent çà et là des blocs et quelques vieux arbres. Des variétés exotiques et endémiques y croissent dont des palmiers Cycas, des variétés de Dragonniers (Dracaena cambodiana), des Kalanchoes, des Sélaginelles, diverses variétés d’euphorbes et de lianes épineuses. Leurs tréfonds sont fréquentés par des bandes de singes et des sangliers ; des aigles et d’autres rapaces survolent leurs cimes perpétuellement venteuses. Leurs contreforts orientaux et méridionaux sont peuplés de pêcheurs vietnamiens, leurs contreforts nord et ouest par des Cham et des Raglaï.

Secret Indochina développe divers modules dans le massif. Modules de soft-adventure ou d’aventure, allant de la demi-journée sur les contreforts nord-est à des modules de deux jours – une nuit à travers les hauteurs orientales du massif


 

WAT TOMO 
RUINES PRÉANGKORIENNES OUBLIÉES 5
Érigées au milieu d'une forêt dense de dipterocarpes, les ruines du temple préangkorien Wat Tomo, aussi nommé Um Muang ou Uo Moung, se trouvent près du Houei Tomo, un petit affluent de la rive est du Mékong, dans le district de Champassak, au sud du Laos. Ce mystérieux complexe est probablement construit au IXe siècle par le roi khmer Yasovarman Ier comme l'un des cent deux sanctuaires pour les adorateurs du dieu hindou Shiva, et dédié à son épouse, Rudrani.

Situé à seulement deux kilomètres au sud du complexe du Wat Phou, le Wat Tomo constitue l'un des quatre sanctuaires construits au pied de la Lingaparvata sacrée (aujourd'hui la montagne Phou Kao) contenant une forme naturelle de linga, un symbole de Shiva. Quasiment dévoré par la jungle environnante et enrobé de mousse, le site se compose d’une esplanade bordée de lingams et de deux pavillons de temple délabré, séparés par deux entrées ornées (gopuras) – dont une restant encore sur pied – le tout ceinturé
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THE MIG-21 
DECAYING PRE-ANGKORIAN RUINS INS 

ceinturé de murs de revêtement en latérite ancienne et d’un escalier en pierre menant à la rivière. Dans le couloir ouest, le complexe abrite aussi un linga à quatre faces (Mukhalinga), une représentation symbolique de Shiva gravée de quatre têtes humaines avec d'autres linteaux en grès in situ minutieusement sculptés de nagas et de détails floraux ; ainsi qu’une sculpture de Shiva chevauchant le taureau Nandi.

Depuis la ville de Champassak, mélange harmonieux de demeures coloniales et d’habitats traditionnels lao, excursion vers le Wat Tomo. Déambulation au sein des 700 mètres de ruines, avant de s’imprégner de l’ambiance villageoise préservée du Ban Tomo au cours d’une échappée à bicyclette. Découverte aussi du fameux site archéologique préangkorien Vat Phou, inscrit en 2001 au patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, avant de réaliser une croisière sur le puissant Mékong en direction des quatre mille îles, un archipel fluvial couronné d’une infinité de gros îlots liquides frémissant entre les rapides


 
Secret Indochina
Secret Indochina est née en 2011 suite à la vision de deux professionnels passionnés de voyages authentiques : Tran Quang Hieu et Nicolas Vidal. Secret Indochina est une filiale d’Amica JSC et spécialisée dans le BTB, avec pour vocation d’emmener ses voyageurs vers des sites exceptionnels, des lieux magiques et des communautés méconnues

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