SEPTEMBRE 2022
 
CONTENU
  • Tam Coc Garden - une oasis Tonkinoise
  • Le Tonlé Sap - au pays né de l'eau
TAM COC GARDEN
LE JARDIN DES SENS
 
 
Ladite « baie d’Ha Long terrestre », un des vieux foyers culturels du peuple annamite, se situe au nord du Vietnam, à l’embouchure du fleuve Rouge, dans la province de Ninh Binh, sur une zone bordante celles de Hoa Binh au nord, de Nam Dinh à l’est, et de Thanh Hoa au sud.

Ce secteur enduit d’un aspect antique qui constitue le premier terroir de l’évangélisation au Nord du Vietnam (dès le XVIIe siècle), est l’œuvre patiente du fleuve Rouge et de ses défluents divisés en plusieurs bras reliés entre eux par tout un réseau de canaux naturels, les plus notables étant ceux du canal des Rapides, celui de Nam Dinh et celui des Bambous. En son cœur, au niveau de la ville de Ninh Binh - l’ancien centre administratif créé en 1802 par Gia-long - s’écoule la song Dây, un déversoir naturel du trop-plein du fleuve Rouge, et la song Van-sàng, dont le lit zigzague jusqu'à Thanh Hoa.

Vers l’ouest, le secteur est surplombé par les contreforts des monts de Cuc Phuong, et ceux du Tam Diep, qui constitue l’extrême sud de la région de Tay Bac Bo, une vaste zone karstique qui s’étire sur quatre-cents km de long et trente à soixante km de large dans le nord-ouest du Vietnam, représentant la partie nord des chaînes de Truong Son, l’épine dorsale qui sert de frontière naturelle entre le Laos et le Vietnam. Au nord, les monts calcaires dit des 99 collines limitent l’horizon vers Phu Ly (Phu Ly-nhâm), alors qu’à proximité de Ninh Binh, surgissent de la plaine les Nga-ba-non, « Hauteurs des Trois récifs », des masses de calcaire triasique ayant inspiré nombre de poètes annamites.

La province de Ninh Binh fut une dépendance du quân (royaume) de Giao-chi sous les Han, du châu (district) de Tru'o'ng-an à la fin des Leang et de celui de Tru'o'ng sous les T'ang. La dynastie des Dinh, originaire de cette région, y établit sa capitale à Hoa-lu' (968) qui resta la résidence royale des Lê antérieurs, une enceinte particulièrement difficile à attaquer car protégée par une ceinture d’abruptes quasiment impénétrables. En 1806, elle devint le đạo (district) de Thanh-binh, changé en 1822 en Ninh-binh dont le nom est resté.

Plus récemment, à la fin du mois de mai 1951, ce secteur est le théâtre de la bataille du Day, la première véritable campagne militaire conventionnelle du général Võ Nguyên Giáp menée lors de la guerre d’Indochine, qui vise à renverser la résistance des forces de l'Union française implantée dans cette région à dominance catholique. Cette grande offensive-surprise de trois divisions Viet Minh se conclura par la retraite des forces nord-vietnamiennes entre les 10 et 18 juin. Mille prisonniers sont laissés aux Français, et neuf mille tués ou blessés ; côté Union française, quatre-cent-quatre-vingt-douze soldats sont tués, quatre cents blessés et quarante disparus, incluant Bernard de Lattre de Tassigny, le fils unique du général, une perte qui le tourmentera jusqu’à sa mort sept mois plus tard à Paris.

Somme toute, la géographie de cette rase campagne historique est tout sauf monotone, avec des socles rocheux, des dômes, des buttes surmontées de pagodes, et des dépôts alluvionnaires éparses, accumulés sur les rives, et renforcés par des digues construites par les Annamites au cours des siècles dans le but de prévenir des inondations, et assurer la mise en culture des rizières qui s’étendent désormais à perte de vue.

C’est donc au sein de cette incommensurable houle verte qu’émerge harmonieusement le Tam Coc Garden. Cet établissement de charme de vingt-cinq chambres et villas inspirées des villages tonkinois est délicatement posé sur un écrin de verdure voilé à l’horizon d’une dentelle karstique au feuillage métallique, bordée de petits cours d’eau langoureux et d’étangs de lotus. Subtilement intégré à la vie paysanne, cet éden empreint de romantisme met un point d’orgue sur l’hospitalité, et la gastronomie tout en invitant à la quiétude avec son jardin multisensoriel aux centaines d’espèces sur lequel tranche, entre autres, le panache gracile des touffes de bananiers pétards (Heliconia rostrata), d’Oreilles d’éléphant géantes (Alocasia Odora), de faux philodendrons (Monstera deliciosa), de pandanus comestibles (Pandanus amaryllifolius), de longaniers (Dimocarpus longan), contrasté par l’éclatante teinte de lys araignée (Crinum asiaticum), de bougainvillées (Bougainvillea), de Pinces de homard (Heliconia rostrata) ou de Roseau des Indes (Cordyline fruticose).

Cette oasis tonkinoise permet d'expérimenter les arts et métiers de la région dont la broderie, un artisanat implanté depuis le XVIème siècle par un mandarin qui en dévoile les secrets aux artisans du delta du fleuve Rouge ; la fabrication de nattes en jonc dont Phàt-diêm en a fait la spécialité, site de l’imposante « cathédrale de pierre » à l’architecture sino-annamite, remarquable par ses vastes dimensions, et par les matériaux qui sont entrés dans sa construction ; ou encore la vannerie de jacinthe d’eau. De surcroît, dépourvu de pollution lumineuse, le Tam Coc Garden constitue un site propice à l’observation de la voute céleste, après une excursion délicieuse à vélo sur le fond doré d’un soleil automnal ou à la suite d’une journée dédiée à la détente dans l’une des deux nouvelles Full Moon Villas


© Crédit illustration : Nguyen Duc Nung


 
 
LE TONLÉ SAP
AU PAYS NÉ DE L'EAU
À l’occasion de la mousson et de la période des hautes eaux, Secret Indochina revient sur le Tonlé Sap, lac légendaire du Cambodge.

Le Tonlé Sap, littéralement « la grande rivière » ou « grand lac » est un lac d'eau douce à inondation annuelle ; il est relié au Mékong par la rivière Tonlé Sap, longue de cent vingt kms. Le lac, ses affluents et son déversoir forment un système hydrologique complexe de douze mille huit cent soixante-seize km². La formation de la cuvette centrale est le résultat de millions d'années de dépôt et de décharge des alluvions du Mékong, des sables et graviers charriés depuis l’Himalaya.

La fluctuation annuelle du volume d'eau du Mékong, complétée par le régime des moussons, provoque une inversion unique du débit de la rivière Tonlé Sap. Les eaux du lac circulent via la rivière Tonlé Sap jusqu’au Mékong, suite à ce phénomène de déversoir, les eaux du fleuve se déversent dans lac, le faisant déborder sur plus de soixante kilomètres dans les plaines, fertilisant ainsi les chamcars, terrains fertilisables par les flots sacrées. Le volume d'eau du lac varie considérablement au cours d'une année, passant d'une superficie d'environ deux mille cinq cent km² à une superficie pouvant atteindre seize mille km² en fin de saison de mousson, de septembre à début novembre.

La majorité de la forêt Tonlé Sap est dominée par un grand couvert arbustif dense de deux-trois mètres. Il se compose de petits arbres, d'arbustes et de lianes, qui se retrouvent submergés par les inondations. Deux cents espèces de plantes sont cataloguées. En 1997, l'UNESCO désigne le Tonlé Sap comme un site écologique majeur. En 2001, par décret royal, le lac et les provinces environnantes deviennent la réserve de biosphère du Tonlé Sap. Neuf provinces font partie de la réserve : Banteay Meanchey, Battambang, Kampong Chhnang, Kampong Thom, Preah Vihear, Pursat, Siem Reap, Oddar Meanchey et Pailin.

Le lac et ses forêts inondées sont peuplés par environ cent cinquante espèces, onze espèces menacées au niveau mondial et six espèces quasi-menacées. Ces espèces menacées comprennent le crocodile siamois (Crocodylus siamensis), le pélican à bec tacheté (Pelecanus phillippensis ou pélican gris), le marabout argala (Leptoptilos dubius ou grand adjudant), l’outarde du Bengale (Houbaropsis bengalensis), le pygargue à tête grise (Haliaeetus ichthyaetus), la rousserolle manchoue (Acrocehalus tangorum). Des dizaines d’espèces évoluent dans le lac, le plus notable étant le poisson chat géant du Mékong (Pangasianodon gigas). Ce dernier est emblématique du Tonlé Sap, l'un des plus grands poissons d'eau douce du monde, il peut atteindre trois mètres de long et peser jusqu’à deux cent trente kilogrammes. De nombreux reptiles se reproduisent dans les eaux troubles du lac, notamment le cobra (Naja naja), le python molure (Python molurus) et le serpent d'eau à longue tête (Enhydris longicauda). Treize espèces de tortues sont recensées dans et autour du lac.

Le Tonlé Sap est connu pour ses pêcheries. La pratique de la pêche est intimement liée au phénomène régulier et périodique que constitue la crue du Mékong et de ses affluents. Les hautes eaux favorisent la dispersion des poissons à travers les terres immergées qui déposent leurs œufs, période du frai qui permet la reconstitution des réserves épuisées par la saison de pêche ; c’est aussi la période des transactions commerciales. Les villages de pêcheurs sont provisoires ou permanents, parfois de véritables petits bourgs flottants comme celui de Chnnock Tru, au sud-est du lac. Les maisons sont soit flottantes sur bidons ou élevées sur des pilotis de quinze mètres, les plaçant ainsi à l’abri des crues les plus fortes. Ces villages de pêcheurs possèdent des marchés et des boutiques parfois mobiles et aussi des pagodes, des écoles, des commissariats et autres.

Il y a encore peu, environ trois cent mille personnes vivent sur le lac et ses berges, essentiellement des Cambodgiens, des Chinois et surtout des Vietnamiens du sud Mékong. Ces derniers forment la majorité de la population dans la région du lac pendant la période de pêche. Leurs habitations sont flottantes, au toit en tôle ondulée, en leur proximité se trouvent des séchoirs, des filets et des claies de bambous pour le séchage ou le salage du poisson. De petits pagodons y abritent des divinités protectrices de la pêcherie où brûlent constamment des baguettes d’encens et où sont disposées des offrandes rituelles.

Diverses techniques de pêche y sont utilisées, celle de la pêche à l’épervier, de la pêche à un ou plusieurs hameçons, soit fixés, ou à la traine ; la pêche avec des filets fixés sur des piquets installés perpendiculairement à la rive, de différentes tailles permettant de capturer des espèces plus ou moins grandes ; la pêche à la crevette avec des filets spéciaux installés sur les rives et dont le manche peut pivoter en prenant appui sur deux pieux fixés au sol ; les techniques de pêche de barrage, soit avec des nasses en bambou d’un ou plusieurs compartiments ou soit avec des nasses installées dans la structure de petits barrages. La technique la plus industrielle est celle des oun, les grands filets, ils peuvent atteindre un km de long pour un mètre quatre-vingts de haut, ils permettent d’attraper d’importantes quantité de poissons (Lebas J. Les pêcheries du lac Tonlé-Sap. Annales de Géographie, t. 34, n°187, 1925).

Il y a dix ans, fasciné par les caractéristiques locales du Tonlé Sap, Secret Indochina décide d’y créer un projet d’immersion. Situé au village de Phat Sanday, au sud-est du lac, à l’embouchure de la rivière Stung Sen, il se constitue de deux maisons flottantes : bases idéales permettant de découvrir ce fascinant univers aquatique et d’ainsi effleurer l’âme du Cambodge


© Crédit photo : Rebecca Jaggers
 

 
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