LE GÉOPARC UNESCO DE DAK NONG
ÉMINENT PATRIMOINE GÉOLOGIQUE
SEPTEMBRE 2020
Le géoparc de Dak Nong est situé dans la province de Dak Nong, dans le sud-ouest des Hauts-Plateaux du Centre Vietnam, à la limite méridionale de la chaîne de montagnes de Truong Son (la chaîne Annamitique). Étendu sur les districts de Krong No, Cu Jut, Dak Mil, Dak Song, Dak G'Long et la ville de Gia Nghia, il fait partie du majestueux plateau mnong qui s’élève à une altitude moyenne de 600-700m, dominé par le mont Ta Dung à 1 982m. Le 7 juillet 2020, le site devient le troisième géoparc mondial du Vietnam reconnu par l'UNESCO, la concrétisation d’un travail de longue haleine des équipes de M. Ngoc Bao et du Comité populaire provincial.

Le géoparc dénote par ses caractéristiques géologiques et sa valeur patrimoniale. Entre deux cents et cent soixante-cinq millions d’années avant notre ère, il appartient à l’ancien supercontinent du Gondwana où il est profondément submergé sous une mer marginale continentale passive, très riche en ammonite et en fossiles de bivalves. Plus tard, entre cent quarante-cinq et soixante-six millions d’années avant notre époque, cette marge continentale reprend de l’activité à la suite d’une collision de plaques, avec des sédiments de couches rouges, des roches andésite-dacite-rhyolite éruptives et gabbro-diorite-granodiorite-granite intrusives. Au cours des seize derniers millions d’années, le territoire redevient actif en raison d'activités volcaniques multiphasiques étendues qui forment alors une couverture basaltique sur plus de cinquante pour cent de la surface du géoparc. Cette dernière rend particulièrement fertile le sol dont des générations entières d’autochtones tirent parti pour leur subsistance avec notamment la culture d’arbres fruitiers. Au fil du temps, ce dépôt modèle les plus importantes formations de première qualité au monde de bauxite et d’autres minéraux (incluant saphir, et pierres semi-précieuses). Entre la fin du Pléistocène supérieur et le début de l’Holocène, des éruptions volcaniques créent de spectaculaires cratères, et chutes d’eau, et le plus vaste réseau de grottes volcaniques de la péninsule Indochinoise, utilisé comme refuge par des peuples préhistoriques depuis au moins six mille à dix mille ans. Les découvertes récentes au sein de ces grottes recueillent une pléthore d’outils en pierre tels que des accessoires en forme de plat, des haches courtes, longues, et ovales à lame affûtée, des outils à écailles, des écailles et plaques de pierre ; des enclumes, des râpes, des pilons, des pierres de quartzite tranchantes et des morceaux de lœss taillés à la main. S’y trouvent aussi des poteries de différentes épaisseurs, cuites pour la plupart à basse température, friables, faites de terreau sableux fin avec des motifs variés en pointillés, tirets, ou en corde torsadée.

Idéalement, Dak Nong se découvre après un séjour dans le parc national de Cat Tien ou au Lak Lak, dans les anciennes terres des légendaires marécages du sud Dac Lac. Exploration du système de grottes volcaniques en roche basaltique de Dray Sap-Chu R'Luh, récemment enregistré par l'Association japonaise des grottes volcaniques comme le plus long du Sud-Est Asiatique au niveau de son échelle, et de son unicité. Plongée dans l'atmosphère luxuriante de la région grâce à des modules d'aventure dans la réserve naturelle de Nam Nung et le parc national de Ta Dung : escapades à pied ou à VTT d'une demi-journée vers des cascades isolées, trekking de deux à trois jours vers les principaux sommets du parc en traversant des forêts encore peu touchées, de véritables hotspots de biodiversité aux innombrables espèces précieuses – dont une pléiade est répertoriée dans le Livre rouge du Vietnam et la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) – incluant éléphants, tigres, bisons, primates (notamment le Langur de François, ou le Douc à pattes noires), et oiseaux insaisissables comme le Calao bicorne, ou l’éperonnier de Germain. Navigation sur le lac de Ta Dung, un énorme plan d'eau émaillé d'îles vertes, et rencontre de divers autochtones dont les Cau Maa’ et les Mnong, desquels l'espace de la culture des gongs est reconnu comme chef-d'œuvre oral et immatériel du patrimoine de l'humanité par l'UNESCO


© Crédit illustration : Joseph Wraith


 

LE LAPIN TIGRÉ ANNAMITE
UN INSAISISSABLE LAGOMORPHEE

Frontière naturelle entre le Vietnam et le Laos, la cordillère Annamitique est un point chaud de biodiversité où prospèrent nombre de spécimens rares, et la plus forte concentration d'espèces de mammifères endémiques de la péninsule indochinoise, dont certaines nourrissent encore des mythes persistants. C’est le cas du plus insaisissable lagomorphe de la planète : le lapin tigré annamite (Nesolagus timminsi), du nom du biologiste Rob Timmins, qui révèle son existence pour la première fois au début de l’année 1995, lorsqu'il aperçoit des peaux à l'aspect étrange sur un marché laotien de viande de brousse.

D’aspect similaire au lapin rayé de Sumatra (Nesolagus netscheri), un petit lagomorphe des forêts que l'on ne trouve que sur la plus grande île d'Indonésie, le lapin tigré annamite est une espèce nocturne et principalement solitaire dotée de petites pattes et oreilles, et d’une queue réduite, au pelage chamois strié de rayures dorsales marron-noir jusqu’à l'arrière-train et d’une croupe de couleur rouille – une caractéristique sans pareil chez les autres lagomorphes d'Asie du Sud-Est continentale. Selon le peu d'informations récoltées des biologistes, il vie uniquement dans les forêts tropicales humides à feuilles persistantes des montagnes annamites qui bordent la frontière Laos-Vietnam, celles qui n’ont peu ou pas de saison sèche. Son aire de répartition connue ne démontre aucune préférence altitudinale et s'étend du nord au centre de la chaîne Annamitique, y compris les parcs nationaux de Pu Mat, de Phong Nha-Ke Bang, et de Bach Ma, ainsi que les réserves naturelles de Saola de Hue et Quang Nam et la zone nationale protégée de Xe Sap.

Parmi les mammifères endémiques de cette région, Nesolagus timminsi est actuellement classé dans la catégorie "données insuffisantes" de la Liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Selon un article de 2018 publié par Cambridge University Press dans Fauna & Flora International, les pressions anthropiques liées à la pose intensive de collets métalliques, à la déforestation accrue et à la réduction de l’habitat naturel, menacent grandement les créatures faisant l’objet ou non de programme de conservation prioritaire. En outre, l’intensification de la demande en produits issus de la faune sauvage et le laxisme dans l'application de la loi renforce le syndrome de la forêt vide, largement répandu à travers toute l'Indochine. Ainsi, ce lapin présente les caractéristiques d'une espèce réfugiée dont la distribution est déterminée par les pressions humaines plutôt que par les préférences en matière d'habitat, tandis que d’autres espèces de mammifères endémiques, comme le saola, ont des distributions déterminées presque exclusivement par la pression de la chasse.

Pour pallier cette menace d’extinction, les experts s’accordent sur l’importance de lier la science à l'action sur le terrain à travers une gestion holistique et adaptative des programmes de conservation. Concrètement, cela se traduit par l'intensification des patrouilles anti-braconnage et anti-piège dans les secteurs clés, combinée à un redoublement des pièges photographiques et à une sensibilisation des populations locales sur l’importance de la préservation des écosystèmes. Faute de quoi, ce lapin tigré pourrait bien devenir aussi rare que le saola et reprendre son statut de mythe


© Crédit illustration : Eric Losh












              

EN MÉMOIRE DES SOIXANTE-DIX ANS DE
LA BATAILLE DE LA RC4

Septembre–octobre 2020 est le soixante-dixième anniversaire de la Bataille de la RC4 avec Dien Bien Phu une défaite majeure du Corps expéditionnaire français en Indochine. Depuis longtemps Secret Indochina développe de la production sur l’axe de l’ancienne RC4, entre les provinces de Cao Bang, de Ha Giang, et à cette occasion revient sur cette fameuse bataille et sur ces régions du Nord-Est Vietnam.

La première grande offensive vietminh se déroule le 25 juillet 1948 sur la RC3 lors de l’attaque du poste de Phu Tong Hoa. Établi non loin de Bac Khan au croisement de la piste de Ba Be, le poste est assailli de nuit par plus de trois milles fantassins du Vietminh, à l’aube les Légionnaires résistent toujours et l’assaillant se replie. À la suite de cette attaque, l’état-major décide l’évacuation de la RC3 et rassemble ses forces sur l’axe Cao Bang–Lang Son. Les Vietnamiens optent pour la technique du harcèlement et pour se faire créent le régiment 174, le régiment de la RC4, commandé par le fameux colonel Dang Van Viet, également nommé Tigre gris de la RC4, Napoléon vietnamien, Roi de la RC4 ou le général sans étoiles. Entre temps, les Français optent pour la technique du renforcement et continuent les travaux de fortification de l’axe de la RC4. Elle devient malgré tout la voie la plus sanglante d’Indochine. Le boulevard de la mort, la route sanglante serpente sous des barres rocheuses, des falaises, le long de cols escarpés aux hauteurs recouvertes de brousse, elle se prête parfaitement aux embuscades. Les convois en direction de Cao Bang, chargés de vivres, de munitions et souvent encombrés de civils sont régulièrement attaqués. Quelques villes garnison ponctuent la voie, dont Dong Khe et That Khe. En juin 1949, le général Revers préconise l’abandon de la zone frontalière mais son plan est repoussé par M. Pignon, haut-commissaire de France en Indochine, pour qui une retraite équivaut à perdre la face. En 1950, à la suite de nouvelles attaques vietminh réussies, le plan du général Revers d’évacuer est adopté, mais il est trop tard. Giap et le colonel Viet adoptent les principes de l’Art de la Guerre de Sun Tzu : l’ennemi avance, nous reculons. L’ennemi s’arrête, nous le harassons. L’ennemi est fatigué, nous l’attaquons. L’ennemi se replie, nous le poursuivons. Le plan du général Carpentier, un nouveau chef d’état-major ne connaissant pas le pays et les terrains prévoit d’attirer le Vietminh vers Thaï Nguyen (opération Phoque) pendant qu’une colonne doit évacuer Cao Bang ville et une autre de secours venant de Lang Son (les colonnes Charton et Lepage) doit la rejoindre à Dong Khe, un bourg de la RC4 (opération Tiznit). Le plan s’avère désastreux, les deux colonnes ne peuvent pas se rejoindre, elles se divisent en sous-colonnes rapidement divisées en sous-groupes s’éparpillant dans la brousse. La bataille de la RC4 n’est pas un combat classique mais une série d’embuscades meurtrières, d’attaques et de contre-attaques et de poursuites acharnées. Le sort de la bataille se joue du 1ier au 8 octobre autour des calcaires de Dong Khe. La colonne de secours (la colonne Lepage), décimée et affamée constituée du 11e Tabor et du BEP se regroupe le 6 octobre à Coc Xa après les combats du Na Keo. Coc Xa, sombre cirque dominé par de hautes falaises, ayant pour unique sortie un étroit passage dénommé la source, va devenir le site de l’assaut le plus sanglant de la guerre d’Indochine. À Coc Xa, les Français réalisent qu’ils sont encerclés par les bataillons 249 et 308 du Vietminh, le seul moyen est de forcer le passage de la source. Le 7 octobre, avant l’aube, le BEP déverrouille la source au prix de la mort de tous les commandants de compagnie et de nombreux légionnaires. Entre les 7 et le 8, le colonel Viet et le Vietminh continuent le démantèlement des deux colonnes devenues un ensemble de petits groupes dispersés et perdus dans la brousse. Seuls quelques unités parviennent à passer à travers le dispositif vietminh et à rejoindre That Khe, un bourg au pied du funeste massif. Le 10 octobre, That Khe est évacué, puis Lang Son le 17. Le désastre de Cao Bang se solde par l’anéantissement des colonnes Charton et Lepage, le nombre de tués ou blessés du Corps expéditionnaire s’estime à cinq mille hommes, deux mille prisonniers sur les trois mille d’octobre ne reviendront pas.

Depuis le début des années 1990, Secret Indochina étudie la province de Cao Bang et la voisine, Ha Giang. Les études concernent surtout les peuples et certains massifs dont le Phu Tha Ca, Can Ty, Thong Nong et Mo Xat. Des programmes de trekking et immersifs y sont développés mais aussi des programmes mémoire vers des sites de bataille, dont le fameux cirque de Coc Xa, des visites d’anciennes places fortes et forteresses françaises dont le château du Du Gia



© Photo : Le Tigre Gris de la RC4
 
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Secret Indochina est née en 2011 suite à la vision de deux professionnels passionnés de voyages authentiques : Tran Quang Hieu et Nicolas Vidal. Secret Indochina est une filiale d’Amica JSC et spécialisée dans le BTB, avec pour vocation d’emmener ses voyageurs vers des sites exceptionnels, des lieux magiques et des communautés méconnues

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